Afrique du sud (2)



La marina du "Royal Yacht club" de Cape town qui nous abrite est commode pour laisser le bateau en sécurité.

L'accueil au club est fort sympathique, l'endroit est animé par de fréquentes régates. Il nous est arrivé, cependant, de nous sentir un peu "déphasés", comme ce soir où, installés au restaurant du club, nous vîmes arriver de beaux messieurs et gentes dames en belles robes et smokings (voire en grande tenue de Highlander). Pour les accueillir, une rangée de serveurs en livrée. Les plus perspicaces des lecteurs auront deviné que les "clients" étaient tous blancs et les serveurs tous noirs... comme au bon vieux temps...
La marina est un peu excentrée, ce qui nous amena à nouer des relations cocasses avec les chauffeurs de taxi locaux : à l'aller pas de problème le compteur tourne, le prix est modique... mais au retour les tarifs triplent ou quadruplent contraignant à des négociations dignes du Maroc. Un chauffeur auquel nous demandions de faire tourner le compteur nous dépose tout bonnement sur le bord de la route. Pour finir nous tombons sur un conducteur qui visiblement connaît très mal la ville (nous sommes persuadés qu'il était sincère... mais il était arrivé depuis peu du Congo Kinshasa). C'est nous qui -arrivés depuis deux jours !- devons lui indiquer la direction. L'affaire se finit par une angoissante marche arrière sur une bretelle d’autoroute prise par erreur ! L'épisode nous incite à nous pencher sur le réseau de transports en communs que notre guide touristique disait inexistant et qui se révèle sûr, régulier et particulièrement commode.


Cape town vue depuis la montagne de la table

La ville de Cape Town est bien différente de Durban. Bien sûr, on y trouve le quartier central des affaires aux avenues envahies par les éventaires du commerce informel mais des éléments subsistent de son riche passé historique : Jardins de la Compagnie des Indes qui forment une "coulée verte" au coeur de la ville, Castle of Good Hope, fort du 17ème siècle qui fut pendant des dizaines d'années le centre administratif de la colonie en plein développement...




Bo Kaap, le quartier musulman (s'y regroupaient les travailleurs "importés" de Ceylan, d'Indonésie et d'Inde) a gardé sa personnalité.


Les maisons colorées de Bo Kaap

Remarquable aussi, le quartier qui n'existe plus : "district six". Il a laissé la place à un grand terrain vide et poussiéreux. C'était un lieu où cohabitaient en bonne intelligence toute les communautés présentes en Afrique du sud. Voilà qui était un défi aux "lois raciales" de l'apartheid : le quartier fut rasé, à partir de 1966 et les habitants répartis hors de la ville. Un intéressant musée en entretient la mémoire.


Greenmarket : un lieu fort prisé des touristes.

Cape Town mise aussi largement sur le tourisme : les anciens docks ont été réhabilités et transformés en quartier touristique -le waterfront - où voisinent restaurants et enseignes de luxe. Il se dit que les touristes s'y sentent bien : c'est le lieu le plus visité d'Afrique du sud.


Waterfront


Robben Island, au coeur de la baie de la Table a servi depuis des siècles de lieu de quarantaine ou de prison. La longue détention qu'y subit Nelson Mandela en a fait une lieu très visité.



On est conduit dans le pénitencier par par d'anciens détenus
Notre guide un vieil homme à l'air las et ennuyé retrouva tout son allant en commentant la visite. Il se révéla être l'un des ces redoutables membres de la branche militaire de l'ANC qui passèrent l'essentiel de leur vie dans la clandestinité et contribuèrent à jeter à bas l'apartheid. Il sut donner vie à ces murs et à ces barreaux anonymes.


Quand le racisme sévit jusque dans les rations des détenus !





Les environs du Cap sont remarquables par le contraste entre les paysages qui s'y succèdent. Sur la péninsule, la côte rocheuse à proximité de la ville rappelle furieusement les environs de St Raphaël : cyclistes fluorescents sur leur vélos en carbone, joggeuses à écouteurs, petits vieux promenant leurs toutous à manteau...




Le cap de Bonne Espérance

Puis à quelques kilomètres de là, dans les "Cape flats", ventés et poussiéreux : de pauvres "maisons" à perte de vue : Kayelisha, l'un des plus grands townships d'Afrique du Sud héberge encore plus d'un million de personnes.
Et puis quelques kilomètres plus loin, encore, l'opulent vignoble de Stellenbosch : tout est pimpant, les habitations sont dignes dignes des châteaux du Bordelais.


Domaine à Stellenbosch

A proximité, Le Franschoek, le "coin des Français" a été mis en valeur par des protestants français fuyant les persécutions qui suivirent le révocation de l'Edit de Nantes. Ils étaient vignerons et sont à l'origine du vignoble sud africain. Un "musée huguenot" rappelle leur histoire et dans le petit cimetière voisin les pierres tombales des Du toît, Le Roux, Hugo, De Villiers... montrent que ces réprouvés fuyant les galères ont fait souche et su devenir... d'opulents propriétaires esclavagistes.



Nous avions vu, au loin, les townships,(où devaient résider les noirs, puisque toute résidence en ville leur était interdite) nous avons voulu y entrer et sommes allés à Langa et Gugulethu, les plus proches de Cape town.
Cela ne peut se faire sans un guide...
Les rues principales sont maintenant goudronnées (on les refait... juste avant les élections dit notre guide) a bien des carrefours se dressent des monuments rappelant qu'ici la police a tiré contre des manifestants, que là de jeunes militants de l'ANC sont morts dans une embuscade tendue par les policiers... Un petit musée rappelle les lourdes contraintes (passeport intérieur) qui pesaient sur les habitants.



C'est le passé... mais aujourd'hui, la misère est toujours présente. Dans les immeubles anciens du township, des familles s'entassent toujours à 9 dans une seule pièce de quelques mètres carrés.
Une certaine différenciation se fait jour : des immeubles nouveaux sont construits où l'inconfort est moindre. Langa a même son "Beverly hills" où des natifs du township, employés de l'Etat, infirmiers... ont pu faire construire une maison. On a construit des écoles, mais de vastes étendues demeurent où s'entassent des masures en tôle ondulée sans eau ni toilettes. Les choses changent, petit à petit, mais, dit notre guide, c'est beaucoup plus long que la construction du "waterfront".




Et puis voilà venu le moment du départ. nous n'avions, bien sûr, toujours pas reçu notre extension de visa. Voilà qui posait un redoutable problème administratif : pouvait-on nous laisser partir alors que nous ne pouvions prouver que nous avions obtenu droit de rester ? Cela a pris des heures mais les policiers de l'immigration déployèrent des trésors d'ingéniosité (et de gentillesse) pour nous sortir des méandres de leur administration : nous obtînmes notre "clearance". Route sur Sainte Hélène.