Du Cap à Sainte Hélène



Après un départ de la marina un peu tendu (le vent est fort, l'espace entre les pontons plutôt réduit...), la baie de la Table, en guise d'adieu, nous présente son grand spectacle : baleine, grands bancs de dauphins, otaries, des albatros viendront même tournoyer autour du bateau...

L' étape pour Sainte Hélène compte un peu plus de 1700 milles. Nous nous attendons à un parcours facile. Il se dit en effet qu'après le passage de l'Océan Indien, l'Atlantique Sud est un océan doux.
Il nous faudra cependant deux jours pour sortir d'une zone perturbée où le vent variera fréquemment en force et direction (du NE au SW, du gennaker au foc avec deux ris...) et puis, le vent s'installera résolument au sud est. De dix à vingt nœuds : alternance de spi et génois tangonné. Le temps étonnamment gris et la nuit très noire nous interdisent de garder le spi la nuit car nous avons du mal à distinguer notre voile d'avant mais la traversée est dans l'ensemble extrêmement agréable.

Une nuit d'éclaircie nous offre un magnifique ciel étoilé. Le hasard fait que c'est cette nuit là que nous passons les 40 000 milles : le feu de tête de mat se transforme en quatrième étoile du baudrier d'Orion et la Croix du Sud est parfaitement encadrée dans notre portique arrière... dans quelques semaines nous ne la verrons plus.

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Au matin du 11ème jour, Sainte Hélène se détache sur l'horizon. On se dit que le spectacle n'a pas dû paraître bien attrayant à celui qu'on amena là un beau jour de 1815...


Sainte Hélène au matin




Devant Jamestown,la capitale de l'île, ont été posés de solides corps morts : nous en occuperons un pendant une bonne dizaine de jours.




Sainte Hélène est une escale assez particulière.
L'île, qui n'est que la partie émergée d'un volcan, n'a guère de véritable port : les bateaux sont au mouillage devant Jamestown, mouillage où la houle se fait fortement sentir à tel point qu'il est déconseillé d'utiliser sa propre annexe pour débarquer : un petit "ferry " assure un service de rade jusqu'à un quai où des cordes à noeuds facilitent le débarquement.


Le mouillage sous la falaise.


Le quai et le "ferry"

L'île qui ne compte plus que quatre mille habitants est éloignée de tout. Ici, le téléphone portable n'a pas pénétré (redoutable rupture avec l'Afrique du sud où l'on a, en général, un téléphone à chaque oreille !). Deux fois par mois, un cargo assure la liaison avec Cape town. L'ouverture prochaine d'un aéroport, fait naître ici l'espoir d'un développement touristique.
Sainte Hélène a connu son heure de gloire lorsque Napoléon y fut relégué. L'île reçut alors une forte garnison, une flotte parcourant ses eaux pour assurer la "sécurité" de l'empereur déchu. De puissantes fortifications furent érigées pour protéger les côtes. Avec la mort du prisonnier vint le déclin. Aujourd'hui , la résidence de Longwood, et la vallée où fut, dans un premier temps, inhumé l'empereur sont les hauts lieux touristiques de l'île.


Longwood,qui fut la "résidence" de Napoleon


La tombe (provisoire), à l'emplacement qu'il s'était choisi

Jamestown, la capitale, enserrée au fond d'une véritable gorge a un double visage : elle a l'architecture d'une petite ville anglaise... et le fonctionnement d'un gros village méditerranéen où l'on s'assoit devant sa porte pour bavarder d'un bord à l'autre de la rue... L'escalier qui permet de quitter la vallée (699 marches) offre une excellente occasion de remise en jambe...




Bel exercice en perspective !




La résidence du gouverneur britannique

Double visage aussi que celui de l'île : les côtes, élevées, sont complètement arides (on peut y faire de belles balades sur les sentiers côtiers) mais l'intérieur présente une successions de monts et de vallées verdoyants où se pratique l'élevage.


Intérieur verdoyant et côtes arides




Une petite île avec un mauvais mouillage... et pourtant, on s'y attarde ! Sans doute est-ce lié à l'atmosphère particulière qui règne ici : un gros village où tout le monde semble se connaître où tout le monde vous salue avec un sourire, où il est impossible de croiser une voiture sans percevoir le signe amical du conducteur... la comparaison paraîtra sans doute incongrue mais elle s'impose : cela rappelle... les Marquises (sauf bien sûr le jour où arrive le paquebot mensuel des croisières Costa qui débarque brutalement sur l'île...huit cents touristes).

L'endroit nous a bien plu mais... plus de quatre mille milles nous attendent pour atteindre les Açores ... alors il est temps de se mettre en route.